Face à la Chine qui fournit 60% de la demande mondiale de produits issus de l’aquaculture, l’Europe a une carte à jouer: celle d’une aquaculture de qualité, moins intensive, et respectueuse de l’environnement. À l’instar de leurs voisins européens, les français n’ont pas dérogé à la règle pour leur réveillon 2015, en faisant la part belle aux crevettes et au saumon fumé dans leurs assiettes. Cette tradition ne coule pourtant pas de source : ces deux espèces figurent en tête des poissons les plus importés par l’Union européenne, devant le thon et le cabillaud. Au total, plus d’un poisson ou crustacé sur deux consommé en Europe est importé, principalement en provenance de la Chine ou de la Norvège. Les Européens ne produisent pas suffisamment pour subvenir à leurs besoins. Mais comment produire plus lorsque l’Union européenne demande aux pêcheurs de pêcher mieux, mais moins, et réduit comme peau de chagrin les soutiens au secteur ? C’est la Commission européenne elle-même qui a fourni la réponse, en mettant depuis plusieurs années les bouchées doubles sur l’aquaculture [i.e. l’élevage d’espèces marines, d’eau douce ainsi que de diverses sortes d’algues par différentes méthodes]- annonçant dès 2009 sa volonté de «donner un nouvel élan à la stratégie pour le développement durable de l’aquaculture européenne». Figurant parmi les secteurs alimentaires qui connaissent la croissance la plus rapide dans le monde, l’aquaculture apparait en effet comme incontournable à ce stade puisque les chiffres montrent que la production sauvage ne suffira pas à elle seule à combler une demande en constante augmentation. Et dans le domaine, la stratégie européenne se veut la plus complète possible. En amont de la chaine de valeur, l’Union européenne soutient la recherche et le développement technologique, à travers ses instruments financiers, pour faire de l’aquaculture un secteur hautement performant, plus efficace, plus intégré, plus durable et donc moins énergivore ou consommateur en eau. En aval, c’est le FEAMP (Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche) qui vient directement apporter des aides financières aux aquaculteurs européens, comme l’encadre la nouvelle politique commune de la pêche, en vigueur depuis le 1er janvier 2014. Lors de son audition face aux députés européens, le nouveau Commissaire européen en charge de la pêche, Karmenu Vella, a affirmé sa volonté de continuer d’œuvrer à l’exploitation du plein potentiel de l’aquaculture. En parallèle, la Commission européenne s’efforce de desserrer l’étau administratif sur les entreprises du secteur. L’horizon de l’aquaculture européenne semble a priori bien dégagé. Pourtant et malgré tous ces efforts, l’aquaculture européenne ne décolle toujours pas, subissant avec violence – ô surprise ! – la compétitivité chinoise. Aujourd’hui, la Chine produit à elle seule plus de 60% des volumes mondiaux, contre seulement 4% pour l’Union européenne… L’ogre a indéniablement un coup d’avance. La solution ? Promouvoir encore davantage l’excellence européenne. La production aquacole chinoise, pas systématiquement respectueuse de l’environnement et des conditions de travail, n’est pas un modèle durable. La production intensive nuit par ailleurs à la qualité des produits. L’Union européenne a donc une carte majeure à jouer. À la clé, ce sont plus des dizaines de milliers d’emplois dans toutes l’Europe. Aujourd’hui, le secteur compte déjà 85 000 emplois directs et implique plus de 14 000 entreprises au sein de l’UE, pour la plupart des PME.

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