On savait bien que, sous Trump, le Bureau ovale ne tournait pas rond. Mais là… Recevant une brochette de sénateurs censés discuter avec lui d’un projet de loi bipartisan relatif à l’accueil des migrants, le locataire d’une Maison plus Blanche que jamais a, en référence aux candidats à l’American Dream haïtiens, salvadoriens et africains, lâché cette obscénité faussement interrogative : « Pourquoi tous ces gens issus de pays de merde viennent-ils donc ici ? » Pays de merde. Dans la langue d’Abraham Lincoln et de David Duke, ex-patron du Ku Klux Klan et fervent soutien du navrant Donald, « shithole countries ». Que le 45e président des Etats-Unis puise ses saillies lexicales dans une fosse d’aisance ne surprendra que les naïfs et les amnésiques. Le successeur de Barack Obama -mais si, vous savez, ce grand Black natif du Kenya et de confession musulmane…- avait asséné au printemps dernier que tous les fils et filles d’Haïti « ont le sida ». Puis, quelques mois plus tard, que jamais les enfants d’Afrique accueillis Outre-Atlantique « ne retourneraient dans leurs cases. » A propos de cases, parlons de celles qui manquent au tombeur d’Hillary Clinton. N’en déplaise aux exégètes s’échinant à déceler dans chaque dérapage, chaque bavure, chaque insulte, l’indice d’une habileté tacticienne mâtinée d’audace transgressive, le cas de celui qui se dépeint sous les traits d’un « génie très stable » relève de la psychiatrie. Las !, le check-up médical de ce vendredi -examen auquel tout « POTUS » doit se soumettre annuellement- ne porte que sur sa santé physique, et non mentale. Si seulement il pouvait être conduit par un disciple d’Hippocrate né à Kampala (Ouganda), assisté par une brillante cardiologue venue de Port-au-Prince… Peut-être les analystes les plus indulgents se rendront-ils enfin à l’évidence et tiendront désormais le milliardaire pour ce qu’il est : un butor raciste, inculte et impulsif, doublé d’un danger pour la paix du monde. Rendons-lui cette justice. Donal Trump aura au moins légué à l’imagerie de la science politique une figure inédite : le chef d’Etat en position fécale.