Si vous suivez un peu l’actualité aérienne, vous n’avez pas pu manquer cet accident. Celui-ci a eu lieu lundi dernier dans le sud-est de l’Espagne, sur la base de Los Llanos, qui abrite un centre de formation de pilotes d’élite de l’OTAN. A 15h16, alors qu’il procédait au décollage, un F-16 grec a viré légèrement à droite avant de s’écraser sur cinq avions de guerre, fauchant pilotes et mécaniciens et endeuillant les militaires de sept pays (France, Italie, Grèce, États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne) qui participaient à une session de formation. Au total, ce n’est pas moins de onze personnes qui ont été tuées, dont neuf militaires français, et vingt ont été blessées. L’armée de l’air française n’avait pas connu un tel bilan depuis l’accident d’un avion de transport en Ariège, en 2003, dans le sud-ouest de la France. Les enquêtes ont évidemment commencé sur plusieurs fronts afin de déterminer comment cet appareil, avec deux capitaines grecs à bord, a pu soudainement perdre de la puissance au décollage. Sur le plan technique, une commission espagnole d’enquête sur les accidents aériens militaires doit collecter les restes des appareils, retrouver les boîtes noires, écouter les conversations avec la tour de contrôle. Une « investigation longue et minutieuse », a précisé un responsable au ministère de la Défense espagnole. Mais la piste de l’accident est pour l’instant privilégiée. Le crash a eu lieu au moment du décollage, qui est toujours une phase très critique car les réservoirs de l’avion étaient alors remplis de carburant et les moteurs de l’avion lancés à pleine puissance. Le comportement de l’appareil au moment de l’accident suscite déjà des hypothèses. Patrick Dutartre, général de l’armée de l’air, a estimé qu’il y a eu « une perte de poussée manifeste. Et puis, en enchaînement, soit une perte de commande de vol, soit il n’y a pas eu assez de poussée pour faire un demi-tour. » Et d’ajouter: « Cela ressemble à une ingestion de corps étranger, comme un oiseau, qui a pu faire exploser le moteur et entraîner cette perte de contrôle», a-t-il détaillé. Une hypothèse que d’autres spécialistes de l’aviation ont également formulée. Le cas est malheureusement classique même si, tant que les enquêtes en cours ne sont pas achevées, rien ne permet de privilégier officiellement cette piste. Ce risque est en effet surtout localisé en basse altitude, au moment de l’atterrissage et du décollage. Ces ingestions peuvent aussi se produire sur d’autres types d’avions. Afin de les éviter, de nombreuses plateformes aériennes ont mis en place des systèmes pour chasser les oiseaux des abords des pistes. Des alarmes sonores et des rapaces spécialement dressés pour les effrayer ont été mis en place (source : Avion de chasse). L’avion de combat de la force aérienne grecque devait effectuer des manœuvres dans le cadre d’un entraînement organisé par l’Otan, le Tactical Leadership Programme. Le TLP est un stage de haut niveau qui permet aux pilotes d’acquérir le statut de chef de mission. Ce qui permet ensuite de diriger des missions complexes en coalition, comme en Libye en 2011 ou encore aujourd’hui au-dessus de l’Irak.

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