A l’heure où le complexe des Nations unies à Addis-Abeba prend des allures de cité fantôme, une foule inhabituelle s’affaire dans le bâtiment, mercredi 15 juillet au soir. La troisième conférence internationale sur le financement du développement, ouverte lundi dans la capitale éthiopienne et jusque là paralysée par des oppositions frontales entre plusieurs des 193 Etats membres, s’emballe soudain. Plusieurs délégués rejoignent au pas de course l’hémicycle, dont l’entrée est filtrée par les agents de sécurité de l’ONU. Dans les couloirs enfle la rumeur d’un accord, 24 heures avant la clôture officielle de la session. L’annonce est confirmée par les premiers négociateurs qui quittent la salle. Le principal verrou de la négociation vient de sauter, ouvrant la voie à l’adoption de la déclaration chargée de déterminer les moyens d’éradiquer l’extrême pauvreté à l’horizon 2030, de réduire les inégalités et de promouvoir un mode de développement compatible avec la lutte contre le changement climatique. Cette décision marque la première étape d’une année 2015 forte de trois moments décisifs : le financement du développement à Addis-Abeba, la mise en œuvre des 17 Objectifs de développement durable (les ODD, qui prennent pour la période 2015-2030 le relais des Objectifs du millénaire ou OMD, adoptés en 2000) lors du prochain sommet des Nations unies à New York en septembre et la signature à Paris d’un accord universel pour contenir le réchauffement sous la barre des 2°C, durant la COP21, en décembre. « La discussion se focalisait sur un seul point, le projet d’organisme fiscal intergouvernemental ou “tax body”. Nous sommes contents d’être arrivés à une solution », se félicite une source diplomatique française à la sortie de la réunion. Le débat, déjà perceptible dans les discussions préparatoires à la conférence d’Addis-Abeba, s’est amplifié en Ethiopie. Convaincus de la nécessité de négocier les sujets de coopération fiscale à l’échelon intergouvernemental, les membres du G77 (rassemblement hétéroclite de 134 pays en développement ou émergents d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine) se sont heurtés à la fermeté des pays les plus riches, qui estiment que l’OCDE offre un cadre plus adéquat pour ce type de discussions. Le compromis de mercredi abandonne l’idée de « tax body ». « Le G77 a subi une pression incroyable du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et de la plupart des pays africains, s’emporte Aldo Caliari, de l’ONG américaine Center of Concern. C’était compliqué de pousser davantage, au risque de fragiliser l’Ethiopie, membre du G77 mais prêt à des concessions en tant que pays hôte soucieux du succès de la conférence. »

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